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Paroles de proches
Cela fait plusieurs mois que je "rame".Je n'arrive plus à
prendre du plaisir. Je suis obnubilée par la prison.
Je m'accroche à mon calendrier, ma vie est rythmée
par les coups de téléphone et les parloirs. Ça fait
comme des barreaux d'échelle que je grimpe à toute petite vitesse,
avec au dessus l'image du bonheur. Mais la fatigue prend le dessus.
Discours bien banal que je partage avec tant d'autres.
Nos demandes vont de soit, sont de l'ordre du respect des personnes
et surtout des enfants.
En 2001 et en France demander au gouvernement qu'il accepte qu'un
père ou une mère offre un cadeau de Noël à son
gamin !
C'est malheureux ! !
Mais il faut continuer à croire à l'intelligence
humaine, sinon c'est trop désespérant.
Le 21 novembre 2001
C. C ; 25 Chenecey-Buillon
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Mon
homme est incarcéré à Brest depuis le 18/03/2001
Depuis plus de huit mois maintenant, l'obstination et l'acharnement
d'une juge d'instruction de Quimper ne nous permettent pas de nous voir.
Cette juge refuse de me délivrer un permis de visite
sans se soucier un seul instant de notre état moral ou physique. Mon
ami est atteint d'une maladie grave : il est séropositif. Avec mon
avocat nous avons refait une demande de permis de visite (précisant
notre accord pour un parloir sous écoute) appuyé par certaines
associations comme l'OlP, le
CDFPPI, Act up, ACAT...
A ce jour la juge n'a donné aucune réponse. Neuf
mois que la Juge nous prive du minimum de relations affectives auxquelles
nous pouvons pretendre. Nous subissons une torture morale si horrible, si
insoutenable que jamais je n'aurais pu imaginer que cela pouvait exister
dans un pays tel que le notre. La correspondance est le seul moyen pour nous
de communiquer, de nous soutenir, de nous encourager, et malheureusement,
de nous aimer, c'est désespérant !!
La France : Pays des droits de l'Homme et des libertés,
comme dirait mon homme, quelle galéjade !!!
Le 04 décembre 2001
C. P. ; 29 Brest
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L’homme que j’aime est incarcéré, je ne connaît
rien du monde carcéral.
Je souffre de cet éloignement et de cette séparation.
Il doit aller en Central et je tremble en pensant que je serais, peut-être,
séparée de lui par des nombreux kilomètres.
Personne ne se soucis des détenus et de leur famille. C’est
une situation difficile, car on ne peut, ni parler, ni crier sa peine et
son chagrin à personne, car les femmes de détenus sont des
«pestiférées». C’est un combat permanent. On les
change de prison sans avertir personne, on arrive au parloir et on apprend
qu’il est transféré…
Que faire ? on rentre la rage au ventre et le chagrin de n’avoir
pas vue l’homme que vous aimez, et lui, seul avec sa solitude et son chagrin.
Il va faire de nombreuses années, j’ai peur de l’avenir, je l’aime
et je l’attendrais. Comme d’autres femmes, je pleure souvent, je suis une
révoltée.
J’ai besoin de communiquer avec de femmes de détenus, nous
devons nous soutenir
A bientôt.
Danielle
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Tout d‘abord je te souhaite tous mes meilleurs vœux pour 2003,
et
nous sommes encore et encore dans la même tristesse mais
il faut continuer à se battre, comme tu le fais, d’ailleurs avec le
Collectif.
Quant à moi c’est très dur car ils ont transféré
mon homme de Brest pour Vannes. Je n’ai pas pu le voir avec mes enfants pour
les fêtes de fin d’année, donc pas de colis. L’assistante sociale
de Brest m’a prévenue au dernier moment et de plus il a fallut que
je refasse mon permis de visite pour Vannes, je n’ai pu le voir que samedi
dernier, il a fallu que j’attende deux mois.
La justice ! quelle justice ? elle ne se pose pas de questions
en voyant nos enfants qui n’ont même pas pu rencontrer leur papa pour
Noël, et qui ont vu leur maman, bien sur dégoûtée.
Le courrier qui met trois semaines le temps que monsieur le juge
d’instruction prenne son temps pour tout lire, tout cela me révolte
!
Crois-moi, de plus je n’ai pas de moyen de locomotion, alors pour
aller le voir tout est difficile, je suis obligée d’être
à la merci de mes amis pour m’amener ou pour garder mes enfants, je
n’ai pas trop d’argent pour prendre le train, il me reste le stop.
Quimper Vannes, 240 km aller retour, pour trente minutes de parloir.
Vannes est une très vieille maison d’arrêt et moi et mon homme
n’avons plus aucune intimité : au parloir toutes les familles sont
ensemble, une horreur !
Monsieur Nicolas Sarkozy veut faire 28 prisons de plus en France,
ferait mieux de refaire celle de Vannes, qui date de ???, c’est une honte
! Comme pour les enfants, il n’y a aucun jouet dans le parloir, ça
fait que brailler, c’est inhumain pour tous.
Il faut continuer à défendre toutes personnes incarcérées
car ils ont beaucoup besoin de nous. Mon homme risque une très lourde
peine car le tribunal joue beaucoup sur les antécédents, pourquoi
? de quel droit peut-on juger une personne comme cela, elle est où
la réinsertion ? à leur sortie ! Je te laisse et encore bon
courage à toi, il faut être battante, meilleurs vœux au Collectif
et une grosse bise à ta petite, en espérant avoir de tes nouvelles,
avec toutes mes amitiés.
Christine
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Dessin de Manon (7 ans)
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