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Colloque du 30 mai 2002, organisée par la Fondation pour 
  l'Enfance à Paris
Journée du 7 décembre 2002 à l'ENAP (Ecole nationale de 
  l'Administration pénitentiaire)


Colloque du 30 mai 2002, organisée par 
la Fondation pour l'Enfance à Paris :
L'enfant et son parent incarcéré soutenir le lien, 
protéger l'enfant
    Compte rendu et intervention de Leslie Wisse Laroche
     
    Début du colloque à 9h30 par le discours de la Présidente de la Fondation : Madame Giscard D'Estaing...

    Nous sommes réunis dans une des salle du palais du Luxembourg, l'assistance est composée d'environ 300 personnes (membre de l'AP, médecins, associations etc...)

    La matinée est consacrée à la place de l'enfant qui naît en prison.
    Les intervenants  

    Monsieur Vogelweith, conseiller auprès de la Défenseur des Enfants, Claire Brisset (et ancien juge pour enfant) qui explique son rôle dans cet organisme.
    Madame Pinto Da Rocha, psychologue et Monsieur  May  pédiatre, nous expliquent les dysfonctionnements au sein de la Nursery de Fleury Méraugis. Madame Pinto Da Rocha nous fait part de ses inquiétudes face à la situation au sein de la nursery (repas non étudiés pour les bébés, démission du personnel de puéricultrice etc...)
    Le Docteur May nous apprend que les juges d'instruction ne savent même pas lorsque les femmes qu'ils ont incarcérées sont enceintes et les convoquent parfois au lendemain d'un accouchement ou la veille (!!). Enfin, pour résumer dans le monde carcéral personne n'est épargné par l'injustice et les mauvais traitements même pas les enfants, mais le principal n'est il pas d'incarcérer à tout va pour que le brave citoyen se sente en sécurité.
    Monsieur Bouregba psychologue et Directeur du Relais enfant parent, (organisme très largement représenté ce jour et partenaire privilégié de l'administration Pénitentiaire), fait un brillant exposé sur le lien mère enfant depuis la conception et jusqu'au trois premières années de sa vie. Il nous apprend qu'un enfant laissé à sa mère incarcérée jusqu'à trois ans, comme c'est le cas au Pays Bas, sera moins perturbée et souffrira moins que l'enfant que l'on retire à sa mère à partir de 18 mois comme c'est le cas en France.
    Madame Rotah, Directrice de la prison de femmes des Baumettes conclura la matinée qui se terminera vers 12h30
    Le colloque reprend à 14h00 

    Les intervenants  

    Monsieur Delattre représentant de l'administration Pénitentiaire. Il est bien clair que l'AP et les associations comme la notre qui lutte pour une plus grande prise en compte des liens familiaux ne peuvent, malheureusement, qu'engager un dialogue de sourds quelques soient les bonnes volontés de part et d'autre pour avancer sereinement dans une discussion constructive. Nous parlons de droit de l'homme, de la fragilité de l'enfant, de l'importance du maintien des liens familiaux pour la réinsertion du détenu, on nous répond sécurité (maître mot), discipline et que la prison n'a pas un rôle social. Quel rôle a la prison, on est en droit de se poser la question lorsque l'on voit les dégâts qu'elle fait, en aucun cas la prison répare, elle déstabilise, infantilise et désociabilise.
    Madame Leslie Wisse Laroche, présidente du CDFPP, intervient en se présentant et en précisant qu'elle suis sans doute ici la seule personne faisant partie des usagers de l'administration pénitentiaire puisque elle est femme de détenue et que la prison elle la subit  aussi. 

    "Je suis ici en tant que présidente du Collectif.... mais aussi en tant que mère. Lorsque ma fille a commencé les parloirs elle avait 2 ans et encore les couches. J'ai découvert que la prison ne tenait aucun compte de la place de l'enfant et qu'à partir du moment où il devenait enfant de détenu on oubliait jusqu'à son existence. Désormais il lui sera interdit de partager avec son parent incarcéré une fête, un repas, une promenade, il sera lui aussi condamné. L'année dernière à l'occasion  de la fête des pères, j'ai vu deux petits garçons (des jumeaux) revenir de l'école avec leurs jolis paquets enrubannés et colorés. Ils se sont assis sur le canapé, leurs paquets posés sagement sur leurs genoux et ils ont attendu. Ils savaient que contrairement à la plupart de leur camarade ils n'auraient pas la joie d'offrir le cadeau qu'ils avaient confectionné à l'école pour leur papa. Je me suis alors demandé quelle société, quelle loi pouvait être aussi absurde et inhumaine pour priver les enfants de ce partage. Pour Noël j'ai interpellé les directeurs régionaux de l'administration Pénitentiaire ainsi que l'administration Pénitentiaire à Paris afin que les parents puissent remettre à leurs enfants (au moins les plus jeunes) un cadeau qu'ils auraient acheté sur catalogue. Rien n'a été fait. L'enfant ne peut pas comprendre tous ces interdits et en tant que mère je ne peux expliquer à mon enfant ce qui n'a pas de rationalité. Comment l'enfant interprète t-il autant de barrières mises entre lui et son parent incarcéré ? Comment va t-il gérer plus tard dans sa vie d'adulte toutes ces frustrations, tous ces manques ?"

    Elle n'a, bien sur pas eu de vraies réponses, se heurtant chaque fois à la sacro-sainte sécurité, Mme Blanco (présidente et fondatrice des Relais enfants Parents) et une personne dans la salle réagissent en disant que dans certains établissements les enfants confectionnent sur place des cadeaux à l'occasion de la fête des pères ou mères, si c'est possible là, pourquoi pas là bas. Je suis persuadée que tout ceci est simplement une question de bonne volonté masquée par le prétexte du tout sécuritaire. 

     

    Le colloque continu avec l'intervention de Madame Brahmy, médecin chef du SMPR de Fleury et Madame Blanco.

    La journée est conclue par 
     

    Monsieur Lassus, psychologue. Pour lui qui se place uniquement du côté de l'enfant, à partir du moment où le père est un bon père et où l'enfant ressent une telle souffrance qu'elle  ne peut que lui être préjudiciable, on ne doit en aucun cas les séparer (ne pas incarcérer le père). Par contre un père incestueux où étant nuisible pour l'enfant qui ne serait alors plus un père mais un simple géniteur ne devrait plus être mis en contact avec son enfant qu'il ne pourrait que détruire. Mais pour l'AP et la belle justice de notre joli pays des droits de l'homme le bien être de l'enfant est bien moins important que la punition du parent.
    La réunion se termine vers 17h30.

Journée  du 7 décembre 2002 à l’ENAP 
(Ecole Nationale de l’Administration Pénitentiaire)

Compte rendu et intervention de Leslie Wisse Laroche

 
Le Collectif a été invité par l’ACAT (Action des Chrétiens pour l’Abolition de la Torture) à participer à une journée de formation et d’information sur les prisons. Le Collectif à accepter l’invitation car il est persuadé que l’évolution de la vie carcérale dans le sens des valeurs humaines passe par un dialogue avec tous les partenaires (associations, familles de détenus, détenus, administration pénitentiaire, représentants de la justice…).
Plusieurs membres de l’ACAT (Groupe vigilance) parmis lesquels le père d’un ancien détenu et une visiteuse de prison aux Baumettes ainsi que trois représentants de l’administration pénitentiaire participaient à cette réunion.
Nous sommes arrivées vers 11h30. Présentation par Messieurs Roussel et Abdelkader de l’administration pénitentiaire et de ses différents grades. Madame Malingrey, surveillante chef ayant exercé dans les prisons de l’île de France et notamment au quartier des mineurs de Fleury nous parle de son parcours depuis vingt ans. Elle est aujourd’hui formatrice à l’ENAP.
Monsieur Roussel nous expose les différents établissements pénitentiaires et leurs modes de fonctionnement (maison d’arrêt, maison centrale, centre de détention).
Le Collectif intervient tout au long de ces allocutions pour exposer les problèmes rencontrés le plus souvent par les familles de détenus. Il expose ses principales revendications et un échange de dialogue peut s’engager avec d’un coté les représentants des familles et aussi des détenus et de l’autre côté le règlement et l’autorité de l’administration pénitentiaire. Nous sommes heureuses de constater que les personnes de l’AP sont à l’écoute et souhaitent elles-aussi voir évoluer les choses vers une dimension plus humaine. Nous restons néanmoins dans une logique différente, eux très axés et même obsédés par le côté sécuritaire, nous en demande d’une plus grande prise en compte des problèmes humains. Comment concilier les deux ? Nous déplorons aujourd’hui que trop de sécurité, tendance paranoïa, fasse des établissements pénitentiaires des zones de non droits et d’interdits permanentes. Monsieur Pierre Thuilleaux, père d’un ancien détenu et membre de l’ACAT, nous parle de la douleur d’un père qui va voir son fils en prison, de l’humiliation rencontrée du peu de cas qui est fait aux familles. Il pose également le problème des cantines, pourquoi une telle différence entre le prix du dedans et le prix du dehors.
Le problème des suicides en prison est très largement évoqué. Allocution de Madame Malingrey qui participe activement à des colloques et des études sur la prévention du suicide. Onze sites pilotes existent en France, avec des médecins et des psychiatres.
Comment prendre en charge un suicidant ? La population la plus vulnérable est le détenu arrivant (choc carcéral durant environ 5 jours. Il est rappelé par Monsieur Abdelkader  qu’a son arrivée la personne mise en détention se retrouve sans papier d’identité, ce qui est aussi très difficile à assumer, il a juste le droit de garder son alliance, sa médaille de baptême et sa montre. Le maximum d’attention doit être porté au moment de l’arrivée et il existe aujourd’hui dans la plupart des établissements un quartier arrivant.
Nous pensons également, et nous sommes d’accord sur ce point avec les membres de l’AP que le passage en maison d’arrêt ne doit pas excéder une année et que les centres pour peines doivent subir un gros effort d’amélioration au niveau des conditions de vie. Le problème des UVF (Unité de Vie Familiales) est également évoqué. Le personnel pénitentiaire avec lequel nous dialoguons est d’accord à condition que toutes les règles de sécurité soient réunies mais il existe encore beaucoup de surveillants hostiles à une telle mise en place. Nous pensons qu’il serait bon que ces surveillants puissent suivre une formation dans différents pays européens ou les UVF existent et ou le lien familial est mieux pris en compte (Norvège, Suède, Pays-Bas)
La réunion se termine vers 18h.
Nous remercions l’ACAT de nous avoir invitées à cette journée au cours de laquelle nous avons pu parler librement de tous les problèmes rencontrés par les familles et par répercussion sur les personnes incarcérées. La rencontre avec trois membres de l’administration pénitentiaire nous a également permis de dialoguer en toute sérénité et d’échanger les problèmes que nous rencontrons chacun de notre côté. Nous sommes conscients que beaucoup de choses nous séparent et que nous n’avons pas le même point de vue pour résoudre les problèmes mais nous restons persuadée que le changement viendra par le dialogue avec des personnes concernées par la prison soit d’un coté soit de l’autre à partir du moment ou ces personnes sont tolérantes et respectueuses des idées qui nous opposent, ce fut le cas aujourd’hui.