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Paroles de personnes incarcérées 
 
 
Cette fois-ci le journal du Collectif est bien passé.J'y ai retrouvé les préoccupations de chacun et chacune à l'approche des fêtes de Noël et du Jour de l'an, qui font ressembler les parloirs du dimanche à une crèche en pleine effervescence. 

Ces petits moments qui redonnent l'illusion d'une vie de famille normale, mais qui redeviennent bien vite ces blessures qui s'agrandissent une fois remonté en cellule ou de retour à la maison. Même si je n'ai pas de gosses, je comprends très bien ce que l'on peut ressentir à ce moment là. 
J'ai encore le souvenir de ce co-détenu avec qui je partagait une cellule aux Baumettes, qui remontait  "détruit" de ces parloirs et qui après avoir fait bonne figure devant sa femme et ses deux gosses, s'effondrait en larmes dans mes bras malgré ses cinquante ans bien sonné.
Quelle volonté il faut avoir pour assumer tout ça : le mari ou l'homme de sa vie entre 4 murs, les enfants, le travail, cela confirme ce que j'ai toujours pensé des femmes : leur force nous est largement supérieure. Nous sommes loin de nos rêves de gosses, le monde n'est souvent qu'une plaie et la lutte n'imprime que des bosses sur nos corps fatigués. Mais je reste convaincu qu'il n'est pas encore venu le temps d'arrêter de rêver,surtout  pour  les gosses  qui  arrivent aujourd'hui.

Je vous embrasse et j'espère pour vous, vos enfants ainsi que pour toutes les autres familles de détenus la liberté, une bonne dose de courage et de détermination et de l'amour en pagnille parce que ça rend la vie plus jolie. 
A bientôt, amitiés rouges et noires.

Yves P. Détenu au CD de Salon de Provence.
 


Je vous remercie encore de votre aide car je suis enfin à Liancourt et j'ai pu grâce à ce transfert voir mes enfants que je n'avais pas vus depuis 23 mois. Comme je vous l'ai dit déjà le plus navrant c'est d'avoir attendu ce transfert un an alors qu'il y a toujours de la place ici. 

Je vous envoi un témoignage de monsieur André José qui ne sait guère écrire mais qui souhaite que son témoignage soit rendu public et exploité.

"Juge et incarcéré à Avignon, j'y ai passé trois ans avant mon jugement puis deux ans et demi après ma condamnation. Aprés tout ce temps, on m'a transféré à Fresnes puis à Liancourt deux
mois plus tard alors que j'habite à Avignon, que ma mère âgée de 85 ans est à Avignon, en mauvaise santè, nous voulons nous voir mais cela ne peut se faire qu'en région avignonnaise. 

Je trouve tellement inhumain que l'on sépare ainsi, une famille et provoque des déracinements inuliles et injustifiés, je n'ai à ce jour aucun blême, ni de problème en détention.

Pouvez-vous aussi s'il vous plait m'appuyer auprès de la Direction Régionale ou autres instances.

Merci de votre aide et du secours que vous apportez à ceux qui ont tant de mal à se faire entendre de l'intérieur. 

P. M. et André José CD de Liancourt.



 
Bonjour et bon courage ! 
Ne croyez pas que je vous ai oublié, mais je tiens à faire une pause car l’état de santé de ma femme se dégrade et la santé de l’une de mes fille se ressent de mon absence. Mes prises de position et autres bêtises me valent huit mois de rallonge. 

Je viens vous tenir au courant des différents dossiers que vous avez traités. Pour monsieur J.. Après deux refus de se rapprocher, il vient de faire parvenir à son avocat un certificat médical attestant de l’état de santé de sa maman âgée et malade. A suivre. 

Pour Monsieur JC il vient de signer l’acceptation de son transfert et sera donc rapproché de sa famille, je vais lui demander de parler de vous autour de lui. En ce qui concerne Charles, après deux refus, il a appris que son dossier était de nouveau en examen *. Je reste sur le sujet des permissions. 

Un détenu proche de moi-même vient de vivre un douloureux moment rendu encore plus terrible à cause de l’AP et de la JAP. Monsieur J… est permissionable depuis 15 mois mais nulle part il ne lui a été signalé qu’il l’était. Je lui ai donc dit comment faire et alors qu’il était dans les démarches sa mère très malade s’est trouve mourante. Il a donc une demande de permission pour lui rendre visite acceptant le fait d’être accompagné de policiers. Il lui est répondu : « je ne vois pas la nécessité de fournir une escorte à votre mère » (véridique !!). Appelant son frère il apprend que sa maman est vraiment très mal, il fait une nouvelle demande, l’éducateur et la juge (l’éducateur après visite à l’hôpital) répondent : « l’état de votre mère est bon ». Le greffe venant lui faire signer le refus lui a même fait comprendre que sa mère ne perdait pas la tête (avec gestes à l’appui), et dans le s jours suivant sa mère est morte comme l’avaient dit les médecins.

Nous avons ici des éducateurs médecins et bourreaux, car c’est le même qui est allé chez moi dire à ma femme et à mes enfants que je serais là la semaine prochaine, et depuis ma femme est dépressive.

La maman de Charles P… est, elle aussi, en phase terminale d’un cancer, la prison a reçu un télégramme mardi soir et mercredi Charles a appris cela par des détenus et finalement le service éducatif lui a annoncé la nouvelle jeudi matin. Est-ce normal qui il y ait de telles fuites, de telles négligences et un tel je m’en foutisme.

Comptez sur moi dès ma libération (très proche) pour des anecdotes et faits vécus avec dates, lieux et noms.

Merci à tous, bonjour à vos maris et grosses bises aux enfants.
Vous êtes formidables !

Philippe



 Mesdames,
Je vous remercie de tout cœur de ce que vous avez 
fait pour moi car il y a maintenant 15 jours que j’ai été transféré. Cela n’a pas été facile et il fallait avoir de la patience. Maintenant je peux voir mes enfants au parloir ainsi que le reste de ma famille et tout çà je le dois à vous, au cas ou il y aurait un détenu dans mon cas, je vous le ferez savoir. Encore merci à vous et un bonjour à Mustapha, remerciez le pour les cartes d’anniversaires pour mes filles
Je vous souhaite bonne continuation. 

Amicalement

Charles.



Depuis la libération de Papon, seuls 14 détenus sur toute la France ont obtenu l’application de la même décision au vue de leur état de santé (chiffre officiel de l’AP). Sur ces 14, 2 sont décédés depuis, c’est dire si leur état était critique ! Quand tu sais que Papon va pouvoir fêter Noël et Jour de l’An en famille, en dégustant du homard et des huîtres, tandis que ses avocats forts de leur succès devant la cour européenne sont en train d’entamer les démarches pour une révision du procès, il y a de quoi sentir la rage t’envahir. A cela s’ajoutent 107 suicides depuis le début de l’année. Nous restons effectivement trop faibles, isolés, face à la machine de l’AP et de l’état, mais il y a à mon sens une bonne responsabilité des détenus eux-mêmes dans cette situation, car dans la majorité des cas c’est chacun pour soi. Cela dépend de chacun de contribuer à essayer de nous en sortir collectivement par la solidarité. Nous n’aurons rien sans nous battre collectivement. Nous n’avons pas seulement la légitimité dans ce combat mais aussi en partie la légalité, il ne faut pas l’oublier. 
Je vous embrasse, à bientôt de vous lire

Amitiés rouges et noires 

Extrait d’une lettre adressée au Collectif par Yves Salon de Provence. 

 


 ©2003 Dessins de Christian Echart, maison centrale de Saint Martin-de-Ré

Lettre dePlanchenaut